Canada: la dérive du suicide assisté, un fil.
Proposer le suicide assisté aux pauvres, parce qu'ils sont pauvres ?
Des éthiciens défendent la légitimité de cette idée. "...même si de telles décisions sont tragiques, la MAiD devrait être disponible."
jme.bmj.com/content/early/2023/04/25/jme-2022-108871.abstract
Le suicide assisté pour les pauvres est en fait une idée assez populaire au Canada. 27 % pensent que les gens devraient avoir accès à la mort assistée parce qu'ils sont pauvres - un chiffre qui atteint 41 % dans le groupe des 18-34 ans:
researchco.ca/2023/05/05/maid-canada-2023/
Le suicide assisté est devenu légal au Canada en 2015, suite à une décision de la cour suprême, qui a balayé d'un revers de main les inquiétudes sur les risques, notamment celui d'une dérive vers l'euthanasie des indésirables.
Cette décision a été renforcée par une nouvelle loi introduite par la gauche canadienne, qui retirait la nécessité que la mort de quelqu'un puisse être envisagée comme étant probable dans un futur proche pour autoriser le suicide assisté.
nationalpost.com/news/canada/the-troubling-debate-over-a-good-death-for-anyone-who-chooses
"Une coalition de groupes confessionnels, chrétien, juifs, musulmans, a publié une déclaration dénonçant le projet de loi C-7. Ils affirment que la société ne peut pas abandonner les personnes souffrantes."
Ils étaient bien seuls.
Depuis, il y a eu ça:
"Une Ontarienne de 51 ans, gravement sensible aux produits chimiques, a choisi la mort médicalement assistée après l'échec de sa recherche désespérée d'un logement abordable exempt de fumée de cigarette et de nettoyants chimiques."
ctvnews.ca/health/woman-with-chemical-sensitivities-chose-medically-assisted-death-after-failed-bid-to-get-better-housing-1.5860579
ça: "Après 25 ans de vie avec un handicap, une femme de Vancouver dit qu'elle a épuisé toutes ses ressources financières, qu'elle est confrontée à une détérioration douloureuse ou même à une mort prématurée, et demande l'aide médicale pour mourir"
vancouver.citynews.ca/2020/07/27/vancouver-woman-disabilities-medically-assisted-dying/
"Madeline - un pseudonyme pour la protection de sa vie privée - dit qu'elle ne veut pas mourir mais que son revenu mensuel, même avec les augmentations temporaires de l'ère Covid-19, n'est pas suffisant pour lui permettre de conserver un seuil de douleur supportable."
le risque d'abus préoccupe pourtant certains médecins, mais ils n'osent pas s'exprimer. Pourquoi? Cela vous rappellera certainement d'autres questions contemporaines, notamment celles liées au Covid...
"Les médecins ont exprimé leurs préoccupations dans des forums privés, mais la plupart d'entre eux, apolitiques, sensibles aux accusations de paternalisme et craignant d'être qualifiés de non progressistes, étaient réticents à s'exprimer publiquement"
nationalpost.com/news/canada/the-troubling-debate-over-a-good-death-for-anyone-who-chooses
Les inquiétudes viennent notamment des psychiatres, soucieux que le suicide assisté puisse être autorisé pour les patients qui souffriraient trop de troubles psychiatriques, alors que les idées suicidaires sont un symptôme de plusieurs troubles psychiatriques. Paradoxal?
Le Dr Sonu Gaind résume ce glissement du suicide assisté vers une utilisation en absence de toute maladie terminale: "Vous allez d'abord vers la mort assistée pour éviter une mort douloureuse - puis dans un 2ème temps, pour éviter... une vie douloureuse."
Le Dr Gaind, parfaite démonstration du point 10/, a quelques soucis avec son conseil de l'Ordre local:
"il a appris que le conseil de l'ACP cherchait à suspendre son adhésion, estimant que ses commentaires étaient "préjudiciables à la réputation de l'organisation".
L'avenir? Il n'y a pas que les patients psychiatriques et les pauvres qui sont ciblés, les "mineurs qui ont de la maturité" sont aussi une population envisagée.
Les enfants, en somme.
dyingwithdignity.ca/blog/pr_mature_minors/
Le malaise se poursuit quand on apprend que les soins palliatifs et les psychothérapies coûtent plus cher que la mort assistée, et que les économies potentielles ont été dûment calculées par l'Etat canadien.
pbo-dpb.gc.ca/web/default/files/Documents/Reports/RP-2021-025-M/RP-2021-025-M_en.pdf
Exemple des économies possibles: on a proposé à Christine Gauthier, un vétéran handicapé de l'armée canadienne, d'avoir recours au suicide assisté, parce qu'elle demandait avec un peu trop d'insistance qu'on lui installe un ascenseur:
Si, c'est vrai:
ici.radio-canada.ca/nouvelle/1938986/ancienne-paralympienne-anciens-combattants-aide-medicale-mourir
Mais soyons rassuré, le suicide assisté est "sexy", ainsi que nous l'expliquait une publicité @simons, un commerce canadien, dans cette publicité glamour.
Que penser de tout ça?
Parce que je résume: on est passé du suicide assisté comme un moyen de mourir dignement en évitant une mort douloureuse à laquelle on est condamné à un moyen de mourir faute d'avoir reçu une aide adéquate, qu'elle soit financière ou psychothérapeutique.
ça me fait peur.
Vous?