Baisse de la natalité en Suisse, une analyse du Prof. K. Beck traduite, et présentée par @CuendetV.
Quelle est l'importance, historiquement, de la baisse de la natalité actuellement observée en Suisse (-15,1% en 2022 annualisé)?
Ici, les données depuis la fin du 19ème siècle
C'est très simple: on n'a simplement jamais vu ça depuis que les mesures existent, c'est pire que la baisse liée à la mobilisation générale de 1914, par exemple!
Si on se focalise sur la seule ville de Zürich, on obtient même une baisse de 20%.! Et cette ville n'a pas connu ce phénomène de "baby boom" en 2021 qui serait ensuite compensé par une chute en 2022, comme cela s'est produit par le passé, cet argument ne tient donc pas.
Une vision historique des années à "baby-boom" le confirme: oui, il y a compensation d'une année à "baby boom", l'année suivante, mais ce n'est pas du tout semblable à ce que nous observons de 2021 à 2022!
Si quelqu'un venait à évoquer une augmentation des avortements comme facteur causal, précisons que ce n'est pas ça non plus.
Mais le corps médical a une réponse: c'est à cause du covid, bien sûr! C'est le covid qui fait mieux (enfin, pire) que la mobilisation de 1914! A cause du... stress, tiens, pourquoi pas? Le stress physique et psychique post-infection!
Pourquoi pas? Mais aucun des pics des vagues de covid ne correspond à la période de cette baisse de la natalité qui commence en 2022. Si on soustrait neuf mois, on trouve au contraire une période plutôt creuse sur le front du covid.
Et le pic de 2020 n'a pas eu cet impact!
Par contre, on observe une correspondance spectaculaire avec le début de la vaccination de masse dans le pays, ici pour les 18-49 ans!
Pour en avoir le coeur net, le Professeur Beck procède à une analyse de la relation causale basée sur les travaux de David Card, Joshua Angrist, et Guido Imbens, nobelisés en 2021.
Il rassemble d'abord les cantons suisses en 2 groupements distincts: ceux à "haut taux de vaccination" et ceux à "bas taux". Il corrige la différence de population puis établit que le taux de natalité suit une évolution parallèle dans ces 2 groupes jusqu'en juin 2020.
Mais en 2022, entre ces 2 groupes, la différence dans le nombre des naissances est 2,5x plus grande que la plus grande différence observée avant 2021 (année laissée de côté parce que trop chaotique). C'est beaucoup, c'est significatif, mais la démonstration n'est pas finie.
Parce que si on rassemble au contraire les cantons en 2 groupes presque parfaitement homogènes s'agissant du taux de vaccination et qu'on les analyse de la même manière, la différence obtenue en 2022... est la plus faible des années prises en considération!
Cette fois-ci, en comparant ces deux différences, on a selon le Prof. Beck une preuve formelle de causalité, du moins au sens de la méthode d'analyse de la causalité "Diff-in-Diff" proposée par les prix Nobel mentionnés plus haut.
Mon interprétation?
Si les autorités sanitaires suisses de @Swissmedic_ veulent donner tort à ceux qui pensent que les vaccins sont en cause, cela impliquerait qu'elles formulent une meilleure réponse que celle-ci: la causalité EST plausible, on ne trouve que si on cherche.
Et la réponse des auteurs me paraît mesurée et raisonnable, "suisse" au possible.
Tout ce fil est un condensé du travail remarquable de @CuendetV , basé lui-même sur le travail remarquable du Prof Konstantin Beck et du Prof Pietro Vernazza.
Pensez à vous abonner et surtout lisez son fil, plus complet que le mien!
twitter.com/CuendetV/status/1580208904323051520